Le pont de Saint Rome à Saint Nazaire d'Aude (extrait du livre "Le canal du Midi, chef d'oeuvre de l'humanité").
Creuser un canal de navigation de 240 km de long qui traverse la plaine du Languedoc n'a pas été sans poser quelques problèmes. Le principal a été celui de l'alimentation en eau du Canal. Mais ce n'est pas tout. Chaque fois que le tracé a coupé un cours d'eau ou une voie de circulation existante, lorsque s'est présenté une pente ou une colline, un ouvrage a dû être bâti, pour notre plus grand bonheur. Ce sont en effet 350 constructions qui ont pour certaines plus de 300 ans qui rythment la vie tout au long du voyage.
130 ponts furent construits de manière à rétablir les voies terrestres que le creusement du Canal avaient coupées. On reconnaît facilement les ponts construits à l'origine (dos d'âne) à ceux qui ont été faits par la suite. Ces ponts ont été construits comme la plupart des ouvrages du Canal avec les roches disponibles sur place. C'est pourquoi, d'ouest en est, ils peuvent être composés de roche volcanique, de calcaire de grès ou de briques. A l'image du magnifique Pont du Somail, ci-contre certains d'entre eux sont bâtis avec un mélange de deux voir trois roches, ici le calcaire, le grès et la roche volcanique.
Quand on a été confronté à un cours d'eau, deux solutions ont été adoptées. Chaque fois que cela a été possible, les eaux du cours d'eau se sont mêlées à celle du Canal avant de poursuivre leur chemin. Cela a permis une alimentation d'appoint en eau tout au long du chemin. Il a parfois été nécessaire de construire une chaussée sur la rivière pour maintenir un niveau d'eau suffisant à la navigation en période estivale. Pour éviter une crue du Canal, des épanchoirs et des déversoirs ont été disposés afin d'évacuer les eaux excédentaires qui risquent d'élever le niveau lors des gros orages ou des crues des rivières proches.
Mais parfois, cela n'a pas été possible. La solution adoptée par Riquet pour la première fois sur un canal en Europe est la construction d'un aqueduc ou pont-canal. Le Canal passe sur un pont qui enjambe le cours d'eau. L'aqueduc de Répudre est le seul qui ait été bâti à l'origine par Paul Riquet mais 49 autres ont été mis en place par la suite, en majorité par Vauban. Cette solution n'a pas toujours pu être envisagée ce qui a amené à d'autres constructions originales (Ouvrages sur le Libron à Vias).
Si c'est une une pente qui s'est présentée, on a placé une écluse. Vous trouverez de nombreux renseignements sur celles-ci dans la page qui leur est consacré en cliquant ici.
Un autre type d'obstacle, une colline, a amené à envisager un autre type de construction. Entre Narbonne et Béziers, la colline d'Ensérunes s'est trouvée en travers du chemin. Son contournement aurait occasionné trop de frais et Paul Riquet décida de creuser un tunnel dans lequel passerait le Canal. C'est le Tunnel du Malpas, premier et unique ouvrage de ce types. Autres ouvrage insolite, l'écluse ronde d'Agde est une sorte de rond point sur le Canal.
On rencontre régulièrement des haltes en bordure du Canal, souvent à l'endroit où se trouve un pont ou une écluse. C'était des étapes pour La barque de la poste, les dînées et les couchées. Dans le même ordre d'idée, des ports ont été aménagés à intervalles réguliers.
Certains de ces ouvrages datent de l'origine du Canal du Midi et ont été construits par Paul Riquet. Ils ont plus de 300 ans. Beaucoup ont été construits par la suite à la fin du XVIIème et au début du XVIIIème siècle par Vauban, impressionné par le travail de Riquet qui s'est attaché à améliorer ce canal dont il aurait bien aimé être l'auteur. Certains autres enfin ont été modifiés ou reconstruits plus tard à l'occasion de mises en conformité avec les normes des canaux par rapport au tonnage et à la longueur des péniches. C'est, par exemple, à cette occasion que de nombreuses écluses doubles ont été ramenées à une seul bassin.