Le canal du midi est parsemé de 63 écluses. Inventées dit-on par Léonard de Vinci, celles-ci ont pour rôle de franchir un dénivelé. Les péniches disposent ainsi d'un cours d'eau sans pente, constitué de biefs successifs reliés entre eux par ces écluses.
Selon la hauteur à descendre, on a pu faire un escalier de 2, 3, 4 voir 8 écluses à Fonsérannes près de Béziers. Lors de la modernisation du Canal, afin d'accélérer le franchissement de cette pente pour le transport de commerce, on a même mis en place sur ce même site ce que l'on appelle une pente d'eau.
Ce système ingénieux consiste à déplacer le long d'une pente un coin d'eau dans lequel est logée la péniche. Il n'y a ainsi aucune perte d'eau et le passage est beaucoup plus rapide. Malheureusement, cet ouvrage unique n'a jamais vraiment fonctionné a cause de pannes successives et d'un manque de moyens pour le réparer. Il n'existe pas de pièces de rechange et en cas de panne, il faut faire usiner un nouvel élément ce qui est long et revient très cher. Mis en place à l'époque où l'on pensait encore pouvoir sauver le transport de marchandises sur le Canal du Midi mais ne se justifie plus beaucoup aujourd'hui. Les plaisanciers préféreraient très certainement, si on leur en laissait le choix, passer par le mythique escalier d'écluses.
On compte actuellement 10 écluses doubles, 4 triples et 1 quadruple. 7 écluses doubles ont été ramenées à un seul bassin lors de travaux d'allongement des sas dans les années 1970, pour permettre aux péniches de gabarit Freycinnet (38m) de passer. C'est ainsi que l'écluse ronde d'Agde a été défigurée de la même manière que les ponts les plus bas ont été surélevés (pont de Caylus que vous pouvez voir à la page sur "Les hommes du Canal"). Voyant qu'il était décidément trop tard et que le transport de marchandises n'avait pas d'avenir ici, la mise au gabarit a été abandonnée en cours ce qui fait que les péniches Freycinnet ne peuvent emprunter le Canal que sur certains secteurs.
Les écluses du Canal du Midi sont facilement reconnaissables à leur forme ovoïde. A l'origine, de nombreux problèmes d'effondrements des murs ont été rencontrés à cause de la pression de la terre lorsque l'écluse était vide. On a donc adopté la forme ovoïde qui, un peu à la manière d'une voûte, réparti la pression sur les piliers ce qui a permis de régler le problème. De plus, cette forme a l'avantage de pouvoir d'accueillir plus de petites embarcations simultanément dans le sas. Par la suite, les progrès techniques ont permis de construire des écluses droites comme on les rencontre sur les canaux creusés plus récemment.
Le franchissement d'une écluse
La théorie
L'animation ci-dessous que j'ai réalisée présente le principe de franchissement d'une écluse par un péniche d'aval en amont. Le principe du franchissement d'amont en aval est le même mais en sens inverse.
La pratique
Plusieurs type d'écluses se présenteront à vous lors d'un voyage sur le Canal du Midi. Des écluses sont simples et d'autres à multiples sas.
Toutes les écluses du canal du Midi sont électrifiées et certains éclusiers sont même équipés de télécommandes. dDans certains secteurs du Lauragais comme sur le canal de jonction de la Robine et sur le Canal latéral à la Garonne, les écluses sont automatisées. Des feux règlent les différentes étapes des manoeuvres.
Sur les murs de chaque maison éclusière, vous trouverez une plaque vous indiquant le nom de l'écluse où vous vous trouvez ainsi que la distance qui vous sépare des écluses suivantes amont et aval.
Bien que cela pourrait rendre parfois service, il n'est pas possible de mettre à la disposition des plaisanciers le numéro de téléphone des écluses. Ce sont la plupart du temps des numéros personnels. En cas de problème et pour contacter un éclusier, il faut appeler le loueur de bateau (si vous louez un bateau) qui dispose du numéro de téléphone de la personne d'astreinte aux VNF. Celle-ci pourra alors joindre l'éclusier si nécessaire.
Les éclusiers : Voir la page spéciale consacrée aux Hommes du Canal
Voici quelques conseils pour un franchissement sans encombre d'une écluse. Deux possibilités se présentent :
Vous êtes montant (sens inverse de l'écoulement des eaux). Attendez que le sas soit vidé. Déposez un équipier à terre avant d'entrer dans le sas. Entrer dans le sas, immobiliser le bateau et lancer les amarres à l'équipier qui est sur le bajoyer (quai). Amarrer le bateau. Les vantaux (portes) avals se ferment, manuellement ou électriquement. Les vantelles (vannes) de la porte amont sont ouvertes. Le bateau monte dans le sas. On maintient les amarres tendues. Dès que les niveaux d'eau s'équilibrent on ouvre les vantaux amonts. Il faut ensuite récupérer les amarres et démarrer doucement.
Vous êtes avalant : le problème est simplifié. Le bateau entre dans le sas lorsque celui-ci est rempli au niveau du bajoyer. L'équipier saute à terre et passe les amarres dans les bollards. On ferme les vantaux amonts puis on ouvre les vantelles aval. Le sas se vide. Il faut maintenir les amarres tendues.
Les vantaux avals s'ouvrent. Récupérer les amarres et sortir lentement. L'équipier remonte à bord. Lorsque l'on est confronté à une écluse à sas multiples, on doit franchir les sas un à un qui se se remplissent au fur et à mesure de l'avancement de la manoeuvre. C'est l'éclusier qui vous dira quand passer d'un sas à l'autre.