Replantons le canal du Midi
Les platanes du canal du Midi sont menacés par un champignon, le chancre coloré. Une grade campagne de replantation a été entreprise par VNF.
QU’EST-CE QUE LE CHANCRE COLORÉ ?
Probablement introduit en France en 1945 par des caisses de munition en bois de platane infecté
en provenance des États-Unis, le chancre coloré est une maladie provoquée par un champignon
microscopique (Ceratocystis fimbriata) qui s'attaque exclusivement aux platanes. Il pénètre au
coeur de l’arbre sain, bloque les canaux de sève et le tue en 2 à 5 ans seulement.
La maladie se propage par contact : soit par les racines (très imbriquées), soit par blessure due au
frottement des bateaux contre le réseau de racines des platanes lors de l’amarrage en dehors des
sites aménagés ou directement sur les arbres.
La propagation est rapide et malheureusement sans remède. Après de longues recherches,
l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) a conclu que la maladie ne pouvait être
combattue ni chimiquement ni biologiquement. Il n’existe qu’une solution pour l’endiguer : abattre
et brûler les arbres.
Au plan réglementaire, la lutte contre ce champignon est obligatoire sur tout le territoire. Des
arrêtés préfectoraux ont été pris afin d’en préciser les modalités. Ces arrêtés prescrivent
l'abattage immédiat (ou la dévitalisation) des arbres malades et des abattages complémentaires
de part et d'autre des foyers afin de prévenir le développement de la maladie.
Le canal du Midi est bordé sur la grande majorité de son linéaire par des plantations d'alignement
(62% du linéaire planté), constituées à 90% de platanes (42 000 platanes au total), avec des interdistances
courtes (moins de 8m en général). Cela le rend donc particulièrement vulnérable à une
attaque sanitaire de ce type.
LE CANAL DU MIDI ET LA PANDÉMIE
Le premier foyer de chancre coloré a été repéré sur le canal du Midi en 2006 à Villedubert (à l'est
de Carcassonne). Malgré les efforts en matière de prévention menés par VNF, on constate une
propagation visiblement exponentielle de la maladie : 15 nouveaux foyers repérés en 2008, 30 en
2009, 122 en 2010, 200 en 2011, 215 en 2012 et sur un linéaire de plus en plus étendu.
Depuis 2006, on compte plus de 10 000 arbres malades (foyers et barrières sanitaires pratiquées
dans le cadre des mesures prophylactiques). 4 000 arbres ont d'ores et déjà été abattus à ce jour
(sur 4 800 autorisés).
Le comité scientifique réuni en 2011 a fait le constat suivant :
• une zone aval à partir de Villedubert considérée comme perdue,
• deux zones « tampon » de Villedubert à Castelnaudary et le secteur de la Robine,
• une zone amont apparemment saine.
La prospection 2012 ne signalait toujours pas de remontées de la maladie en amont de
Castelnaudary. Cela met en exergue l'importance de mesures vigoureuses à prendre pour
protéger la partie midi-pyrénéenne du canal du Midi.
LES MESURES DE PRÉVENTION
Chaque année, des prospections sont confiées à des experts indépendants afin de détecter au
plus tôt les arbres malades. Les agents de VNF ont été formés et un réseau de correspondants a été mis en place. Les entreprises qui interviennent pour le compte de Voies navigables de France
ont été sensibilisées à l’application des mesures de prévention : désinfection du matériel, contrôle
avant travaux, méthodologie d’intervention pour éviter de blesser les arbres et de disperser les
silures infectées par le chancre.
Par ailleurs, en liaison avec les professionnels et les scientifiques, Voies navigables de France étudie les mesures qui pourraient être mises en place afin de limiter la propagation de la maladie
par les bateaux. De plus sous le contrôle scientifique des experts du Ministère de l'agriculture, de
l’agro-alimentaire et de la forêt, Voies navigables de France cherche à développer des
partenariats qui pourraient conduire à des recherches ou des expérimentations sur la maladie.
Enfin, à ces différentes mesures, s’ajoutent l’abattage et le brûlage des arbres concernés.
LA STRATÉGIE D’ABATTAGE
La stratégie d’abattage mise en oeuvre par VNF est la suivante :
• réalisation de trouées « préventives et sécuritaires » : abattage des arbres du foyer de
chancre et du périmètre servant de barrière sanitaire dans la contamination, constitués
d'arbres supposés sains se révélant bien souvent déjà infectés ;
• abattages plus larges lorsque les trouées « préventives et sécuritaires » finissent par
atteindre un pourcentage trop important du linéaire concerné : de l’ordre de 70 à 90% en
règle générale) d’une unité paysagère ou d’un bief ; cela permet en outre la replantation
des unités concernées, puisque la replantation sur des trouées trop petites n'est pas
souhaitable (techniquement et en terme paysager);
• priorité donnée aux foyers les plus problématiques en terme de sécurité : les plus
dépérissants, ceux situés sur les secteurs à plus forte fréquentation et à la zone « tampon», pour éviter la propagation en amont sur les secteurs encore entièrement sains.
ET DEMAIN, COMMENT ÉVITER UNE NOUVELLE PANDÉMIE ?
L'étude réalisée pour l’élaboration du projet préconise qu'une essence « jalon » soit récurrente sur
tout le linéaire et représente 40 % des alignements. L'étude en définit les caractéristiques. Elle est
de première grandeur (supérieure à 30 m), capable de se développer en bordure d'eau, longévive
(150 à 200 ans), non vulnérable aux parasites actuellement menaçant et adaptable à une large
gamme de types de sols et de milieux. Elle offre un ombrage de qualité, forme une voute, marque
le rythme des saisons et possède de préférence une écorce claire. Peu d'essences répondent à
autant de critères. Néanmoins des recherches ont permis de sélectionner 7 essences : copalme
d'orient, chêne des canaries, chêne à feuilles de châtaignier, pacanier, caryer à feuilles cordées,
platane résistant, tilleul argenté. Ces essences sont pour la plupart absentes de nos régions
françaises. Nous ne disposons pas de recul dans le contexte du canal du Midi. L'essence la mieux
adaptée sera choisie à l'issue d'une phase d'expérimentation d'environ 10 ans.
Des essences intercalaires de hauteur plus faibles (20-30m) seront implantées pour les 60 % du
linéaire restant. Il s'agit d'essences plus familières au comportement connu (chêne chevelu, orme
résistant, peuplier blanc, micocoulier, pin parasol, cyprès de Provence et pin d'Alep, tamaris,
mûrier blanc, olivier de bohème pour les sols salés).
Certaines zones urbaines où les interactions sont fortes avec le canal (port, centre de ville ou de
village...) ou certains sites emblématiques (seuil de Naurouze, site du Somail, écluses de
Fonsérannes ou écluse ronde d'Agde...) feront l'objet d'aménagements spécifiques menés en
partenariat avec les collectivités territoriales. Plusieurs sites ont déjà fait l'objet de replantation.
Sur Trèbes et Castelnaudary ont été plantés des platanes résistant au chancre. Des tilleuls
argentés ont été plantés sur Villedubert.
C’est l’ensemble de ce dispositif qui permettra à terme d’éviter une nouvelle pandémie.
Le 27 septembre 2012, la Commission supérieure des Sites, Perspective et Paysages a
donné un avis favorable « à l’unanimité et sans restriction » au « cahier de référence pour
une approche patrimoniale et paysagère des plantations du canal du Midi ».
DES CAMPAGNES D’ABATTAGE 2013…
La première campagne d'abattage s'est déroulée du 18 février 2013 au 19 avril 2013. 1 650 arbres
malades ont été abattus, dont 133 entre Castelnaudary et Marseillette et 1 470 entre Marseillette
et Marseillan. Six entreprises co-traitantes ont assuré ces chantiers.
Au cours de cette première campagne d’abattage 2013, des réunions publiques ont été
organisées pour l'information des populations dans les communes concernées. La campagne est
programmée pour la fin août jusqu'à la mi-novembre 2013. Près de 2 000 arbres malades seront
abattus.
…AUX REPLANTATIONS.
Selon les secteurs géographiques, les replantations se feront sur la base d’essences diverses
conformément au projet validé.
Le secteur de Villeneuve-Lez-Béziers sera replanté en Platanor. Les premiers tests d'essence
jalon seront lancés sur le Grand bief de Fonserannes. Le secteur de Puichéric sera replanté en
peupliers blancs. Début 2014, des plantations de micocouliers sont envisagées sur Capestang, et de peupliers blancs sur les communes d'Argens et d'Olonzac.
SIGNATURE D'UN PROTOCOLE VNF / CONSEIL GENERAL DE L'AUDE
Le 19 juin 2013, à Bram, André Viola, Président du Conseil général de l'Aude et Marc Papinutti,
Directeur général de Voies navigables de France ont signé un protocole de conventionnement
pour la contribution du CG au projet de restauration des plantations du canal du Midi. Compte
tenu des enjeux pour ce territoire, le Conseil général a décidé de soutenir le projet sous deux
formes, l'une financière, l'autre, plus originale, par la fourniture de plants nécessaires à la
replantation.
Ces plants proviennent des deux pépinières exploitées en régie par le CG de l'Aude à Nébias et
Lézignan-Corbières. Pour VNF, cet accord renforce le partenariat avec les collectivités
territoriales, notamment le Conseil général de l'Aude, première collectivité à se mobiliser pour
accompagner l’établissement sur ce projet majeur. Les plants fournis localement serviront à
replanter les sections en essences ''intercalaires'' et VNF bénéficiera de la compétence des équipes de la pépinière du Conseil général dans le suivi d'évolution des arbres. Un appui sera également fourni dans le lancement de la phase expérimentale pour les essences candidates à
l'essence ''jalon'', ainsi que pour la rédaction des cahiers des charges pour la fourniture de plants
auprès des pépinières privées.
Pour en savoir plus sur l'opération de Mécénat mené par VNF, cliquez pour lire la fiche d'information correspondante.
http://www.replantonslecanaldumidi.fr
Contacts presse
Communication VNF :
Jacques Noisette
T. 05 61 36 24 64
Jacques.noisette@vnf.fr